L'Église trouve sa mission dans le service de la Parole de Dieu
II. L'Église servante de la parole de Dieu
1. Une Église qui écoute, une Église qui annonce
« Dei Verbum religiose audiens et fidenter proclamans » (« Dans une écoute religieuse de la parole de Dieu et en la proclamant avec une ferme confiance »): les premiers mots de la Constitution dogmatique sur la Révélation du Concile Vatican II (intitulée Dei Verbum) ont une valeur ecclésiologique fondamentale, dans la mesure où ils expriment une dimension constitutive de l'essence et de la mission de l'Église. L'Église est habitée par le double mouvement d'écoute (audiens) et de proclamation (proclamans) de la parole de Dieu. Seule une ecclesia audiens (une Église en état d'écoute) peut aussi être une ecclesia docens (une Église qui enseigne), car la parole que l'Église annonce et dont elle témoigne n'est pas d'elle, mais de Dieu. Le cardinal Walter Kasper a écrit: « Il n'y a pas de doute: la Parole de Dieu occupe la première place. Ce n'est qu'à travers elle que nous pouvons comprendre l'Église ».
Le nom même de l'Église (du grec ekklesía, qui renvoie au verbe kaleîn, « appeler », et indique l'ensemble des personnes convoquées et rassemblées par la parole de Dieu) la situe dans la continuité directe du Dieu qui parle: la parole de Dieu est à la source de l'existence de l'Église et elle représente l'horizon de sa mission dans le monde. De cette Parole, l'Église n'est pas maîtresse, mais servante et disciple. C'est l'écoute qui la rend servante, comme Marie, la mère de Jésus qui, au moment de l'annonciation, répond par ces mots à l'annonce de l'ange: « Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole » (Lc 1,38). Et c'est l'écoute qui rend l'Église disciple: comme Marie, la sœur de Marthe, qui, « s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole » (Lc 10,39). Commentant les premiers mots de la Constitution Dei Verbum, le théologien Joseph Ratzinger avait écrit en 1967: « C'est comme si l'existence tout entière de l'Église se trouvait recueillie dans cette écoute, de laquelle seule peut procéder sa prise de parole. »