Monachisme et œcuménisme
Cette qualité de phénomène anthropologique ne doit pas être minimisée ou négligée, parce que c’est notamment grâce à ce fait que le monachisme apparaît comme un phénomène pan-chrétien: étant présent dans toutes les Églises, il représente en soi déjà une réalité partagée, dont la vocation est d’unir et non de diviser.
Mais il existe d’autres raisons qui font du monachisme un lieu œcuménqiue.
a) Avant tout, le monachisme remonte plus loin qu’à la division de l’Église: ses racines se trouvent même dans l’ecclesia ex judaeis, l’Église syriaque, héritière directe des communautés judéo-chrétiennes néo-testamentaires. C’est en effet au sein de l’unique Église, aux IIIe et IVe siècles, qu’est née la vie monastique et qu’elle a revêtu les traits essentiels et définitifs qui la constituent. Par conséquent, les caractéristiques de l’Église indivise restent comme imprimées de manière indélébile dans le monachisme: des caractéristiques souvent liturgiques ou théologico-patristiques, mais aussi ecclésiologiques. Comment oublier, par exemple, que le témoignage charismatique du monachisme, à l’époque de l’Église indivise, était inséré dans la koinonía de l’Église locale, dont le cœur était l’eucharistie présidée par l’évêque? Et comment oublier que la vie monastique était alors une vie de simples baptisés, une vie de laïcs, rien d’autre qu’une diaconie parmi celles présentes dans une Église déterminée, une diaconie dont les membres se déclaraient engagés simplement à vivre et à approfondir leur vocation baptismale, sans avoir besoin de se définir «consacrés», ni de prétendre à une spécificité qui ne peut, quoi qu’il en soit, rien ajouter au baptême et qui risque même de troubler l’unité du plérôme ecclésial? Aussi longtemps qu’a duré l’unité des Églises, le monachisme est resté un, et son expression occidentale a toujours reconnu sa source dans le monachisme oriental des pères du désert, de Pachôme, de Basile, distinguant en lui sa racine et l’orientale lumen.