La bonne nouvelle de la Pâques
L'heure que nous vivons n'est pas différente de celle de l'aube de Pâques. Aujourd'hui comme alors, en tant que croyants, nous peinons à croire. La communauté chrétienne cède à l'incrédulité et à la dureté de cœur
Chers amis, chers hôtes, et vous qui nous suivez de loin,
Par cette lettre qui vous parvient au terme du temps pascal, nous avons pensé vous faire prendre part à la réflexion qu'a amorcée le prieur fr. Enzo Bianchi au cours de la nuit de Pâques. En ces temps tourmentés, durant lesquels la foi et le témoignage chrétien sont mis à l'épreuve par les événements quotidiens et par les horizons qui s'en profilent, il devient toujours plus urgent d'enraciner la lecture des signes des temps dans la parole de Dieu contenue dans les Écritures: ce n'est qu'ainsi que l'aujourd'hui de Dieu peut également devenir l'aujourd'hui de l'histoire, notre aujourd'hui d'hommes et de femmes disciples du Seigneur de l'histoire et des événements.
De l'homélie de fr. Enzo Bianchi durant la veillée pascale
En écoutant l'annonce, la bonne nouvelle de l'évangile de la résurrection de Jésus, nous sommes parvenu au terme du cheminement commencé le soir du jeudi saint, un cheminement à a suite du Christ, un cheminement dans sa passion-mort-résurrection.
Une fois encore, à travers des signes, des gestes, des paroles vécues, nous avons été impliqués à travers l'Esprit saint dans la vie de Jésus, nous avons été ensevelis avec lui pour ressusciter avec lui. Nous avons vécu le mystère-sacrement pascal, et nous le vivons encore: il agit en nous plus que toute autre chose, en nous conformant au Christ, en nous modelant comme chrétiens. Nous avons écouté les paroles de Dieu contenues dans les saintes Écritures, à travers les célébrations liturgiques, nous avons vécu ce que Jésus a vécu. Et maintenant, il ne nous reste qu'à accueillir dans le cœur l'annonce de la résurrection, de l'accueillir pour y adhérer, pour croire, non par des certitudes – car les certitudes ne nous sont pas données tant que nous cheminons à la umière de la foi et non de la vision – mais à travers des convictions, oui des convictions dont nous demandons à l'Esprit saint qu'il les rende fermes, persévérantes.
Nous voici à la contemplation et à la méditation de l'évangile de la résurrection, celui de Marc (16,1-8) cette année, selon le vouloir de l'Église. C'est un récit sobre, dépouillé, mais capable, pour cette raison précise, de nous offrir l'« évangile », la bonne nouvelle. Prêtons donc attention aux mots que le messager adresse aux femmes venues au tombeau: si les disciples et les femmes écoutent les mots de Jésus, ils le verront, lui qui les précède tous sur chaque route du monde. Marc nous fait comprendre que les femmes, au lieu du corps mort de Jésus, ont trouvé la Parole, la parole de Dieu qui est aussi la parole de Jésus, comme en témoigne le jeune homme vêtu de blanc: « Il n'est pas ici, il est ressuscité, il vous précède en Galilée, comme il l'avait dit. » Parole de Dieu et parole de Jésus deviennent l'unique parole. Mais si les disciples croient à cette parole: « Le crucifié n'est pas ici, il est ressuscité », alors ils seront capables de le voir. Jésus, en réalité, transforme sa relation avec les disciples, il ne reprend pas la vie qu'il avait auparavant; les disciples et les femmes doivent faire mûrir le rapport qu'ils avaient avec Jésus, mais la parole: « Le crucifié est ressuscité » est désormais l'évangile qui court dans le monde, et là où se trouve l'évangile, il est possible de reconnaître Jésus qui précède.