Discours en l'honneur du métropolite Emilianos Timiadis
Nommé évêque titulaire de Meloa, monseigneur Emilianos est envoyé à Genève en 1959, pour représenter le Patriarcat œcuménique auprès du Conseil Œcuménique des Églises: ce ministère, qu’il a commencé avec Athenagoras Ier, se poursuivra avec le patriarche Dimitrios jusqu’en 1984, durant bien 25 ans. Ces années ont été celles du dialogue patient, des espoirs ardents, des impasses difficiles, des grandes attentes et des refroidissements douloureux du cheminement œcuménique; mais monseigneur Emilianos les a toujours vécues avec l’Évangile pour guide et pour mesure de son existence et de ses actions. Durant ces années, il a pu se faire proche des problèmes des Églises de tout l’oikoumene, pour en porter le fardeau, mais aussi des labeurs des Églises pauvres et des tentations des Églises riches, de la diminution de la chrétienté et, tout à la fois, de l’incessant renouvellement de l’Évangile de Jésus Christ comme “chemin, vérité et vie” pour tous les hommes.
Ces espoirs, ces souffrances, ces attentes furent aussi celles des pères conciliaires au cours de Vatican II, auquel monseigneur Emilianos, devenu entre temps métropolite de Kalavria, a participé en tant qu’observateur du Patriarcat Œcuménique. Là, son expérience a été celle de centaines d’évêques, de théologiens, de religieux, de simples baptisés de toute confession, qui, au-delà des divisions historiques, ont goûté pour un temps le goût inoubliable, la bonté et la beauté d’“être ensemble comme des frères”. Des amitiés anciennes – comme celle qu’il entretenait avec monseigneur Willebrands – et nouvelles (un nom, parmi tant d’autres, le père Michele Pellegrino, archevêque de Turin et, comme monseigneur Emilianos, savant amoureux de la radiaclité évangélique des pères de l’Église) ont enrichi ce sentire cum ecclesia, cette sensibilité naturellement ecclésiale et œcuménique qui, depuis toujours, habitait le cœur du métropolite Emilianos.
Les années soixante-dix et quatre-vingt ont ensuite vu le métropolite (qui a reçu en 1977 le titre de Silyvria) toujours plus engagé d’une part dans le dialogue œcuménique officiel et, d’autre part, dans un long ministère d’enseignement, de prédication et de paternité spirituelle. Enseignant à la Faculté théologique de Boston durant trois ans et à celle de Joensuu en Finlande, professeur invité dans différentes Facultés de théologie orthodoxes, catholiques et protestantes d’Europe et d’Amérique, docteur honoris causa de l’Université Holy Cross à Boston, co-président de la Commission théologique officielle de dialogue orthodoxe-luthérienne pendant des années, le métropolite Emilianos n’a jamais négligé le contact avec les milieux ecclésiaux plus simples, là où les hommes et les femmes de tous âges, confessions et conditions sociales recherchent jour après jour comment être et rester fidèles à l’Évangile.