Le don de l'hospitalité

Ce sont des mots adressés à tous les hôtes, mais ils constituent plus profondément un constant examen de conscience pour nous, frères et sœurs de la communauté : jour après jour, il nous revient, par l’authenticité de la vie, de rendre vrai ce que nous affirmons et de le faire grâce, à travers et malgré l’évolution continue des situations et la transformation des événements. Parfois nous avons l’impression que de nombreux éléments de notre vie à Bose ont connu et connaissent une croissance constante : le nombre de frères et de sœurs présents en communauté, les structures et les espaces construits, le nombre total des hôtes, les activités et les initiatives que nous entreprenons pour eux, la fréquence de la présence de groupes, mêmes nombreux, les demandes d’accueil que nous nous sentons incapables de satisfaire… Comment faire pour que tous ces changements, et les choix, les renoncements parfois difficiles qu’ils exigent, n’altèrent pas le sens profond de ce que nous vivons en pratiquant l’hospitalité ? Comment renouveler et adapter les modalités d’accueil – celui de personnes individuelles et celui de groupes, l’accueil spontané et celui organisé, l’accueil qui se limite à quelques heures et celui qui se caractérise par un séjour prolongé – afin que chacun puisse se sentir véritablement accueilli non pas par une organisation mais par une communauté vivante de frères et de sœurs ? Comment garantir la sauvegarde de temps et d’espaces pour la rencontre, le dialogue et la connaissance personnelle ? Le parcours qui mène à une réponse passe par un approfondissement de la dimension la plus authentique du « partage ». Il s’agit avant tout de partager des réalités concrètes – les mots, la nourriture, la beauté de la nature et de l’environnement, la parole de Dieu… – dans l’alternance de la solitude et de la communion, du silence et du dialogue, de l’ouverture et de la discrétion. Mais ce partage quotidien manifeste aussi un désir plus ample et profond : le désir de partager les attentes, les espérances, les souffrances, les craintes, c’est-à-dire tout ce qui peut être partagé de la vie sans blesser la dimension la plus intime de chacun et sans attenter aux domaines spécifiques de la communion de vie propre à chaque état : la vie monastique, la vie matrimoniale et familiale, la vie presbytérale...