14 Juillet
NERSÈS DE LAMBRON (1152/1153-1198), pasteur et témoin de l’œcuménisme
L’Église arménienne fait mémoire ces jours-ci de Nersès de Lambron, archevêque de Tarse. Baptisé sous le nom de Smbat, il fut voué par ses parents dès l’enfance à la vie monastique. Confié dès sa seizième année à son grand-oncle Nersès Snorhali, catholicos de l’Église arménienne, Nersès fut ordonné prêtre et s’en alla étudier la tradition monastique sur la montagne Noire. Tout jeune, en 1175, il fut ordonné évêque par le nouveau catholicos Grigor Tlay.
Impliqué à plusieurs reprises dans des questions concernant l’union entre l’Église arménienne et celle de Grèce, séparées depuis l’époque du concile de Chalcédoine, Nersès écrivit d’admirables pages pour pousser son Église à s’ouvrir au dialogue et à réformer ses propres coutumes. Nommé archevêque de Tarse en 1180, il demeura fidèle à sa quête monastique tout en continuant à exercer activement et avec grande intelligence le ministère pastoral auquel il avait été appelé.
Son ouverture au dialogue et sa passion pour l’unité des Églises, au nom du primat de la charité, lui vaudront des années de calomnies et d’humiliations, mais il ne modifiera jamais ses projets, pas même quand il en viendra à se heurter à la fermeture du clergé grec de Constantinople, insensible à ses appels, malgré l’estime et l’admiration qu’il nourrissait à l’égard de l’Église byzantine.
Nersès mourut le 14 juillet 1198 ; il est docteur de l’Église arménienne.
Lecture
Frères, cherchons à avoir les mêmes sentiments et les mêmes pensées. Ne faites rien par esprit de rivalité ou par vaine gloire, mais que chacun de vous considère les autres meilleurs que lui ; préférez d’être vaincus plutôt que vainqueurs, être victimes plutôt qu’oppresseurs, puisque nous n’avons rien à faire avec des amis et que nous sommes en guerre contre des ennemis. L’Apôtre écrit à ce sujet : « Pourquoi ne pas vous laisser plutôt priver et être davantage inquiets ? ». Pourtant, c’est avec Paul et non avec un homme sans importance que nous sommes d’accord quand par nos privations et notre humilité nous renforçons la charité.
Si nous aimons et c’est là notre mesure, la charité sera notre part ; si ce sont la rancœur, la haine, attendons-nous à de la rancœur et à de la haine (Nersès de Lambron, Discours synodal).
Prière
Ô saints traducteurs, sur le modèle du véritable amour des saints apôtres, l’Esprit des dons, source intarissable, a pris en vous subsistance, en surgissant comme une source. Venez, adorons la lumière qui ne s’épuise pas !
Lectures bibliques
1Co 12,4-11 ; Mt 7,6-12
CAMILLE DE LELLIS (1550-1614) prêtre
En 1614 meurt Camille de Lellis ; il est le fondateur de l’Institut des clercs réguliers des infirmes, appelés familièrement Camilliens.
Camille était né en 1550, à Bucchianico, près de Chieti, d’une famille noble ; suivant la tradition paternelle, il s’était enrôlé dans l’armée de Venise d’abord et puis d’Espagne, et menait une vie absolument dissolue. En 1582, pourtant, blessé et hospitalisé, il fut bouleversé par l’effroyable service réservé aux blessés, et il commença à mûrir l’idée de consacrer toute sa vie à créer une compagnie d’hommes qui serviraient les malades non pour de l’argent, mais animés seulement par l’amour du Seigneur. En 1586, le pape Sixte V approuva la fondation du nouvel ordre religieux.
Ce n’est qu’en 1593 que Camille accepta l’ordination presbytérale, et malgré les dissensions internes à la congrégation, qui le contraignirent à renoncer à la charge de ministre général, il continua à servir avec amour les malades jusqu’au dernier jour de sa vie.
Lecture
Camille, quand il était libre de ses vœux à l’hôpital Saint Jacques, se plaignait de voir que les agonisants arrivés à leurs dernières agonies, étaient abandonnés par les prêtres sans leur accorder l’aide qui leur était due et convenait à leur dernier soupir. D’où lui vint cette pensée pour apporter quelque remède à tant de maux : face à de tels inconvénients on n’aurait pas pu remédier de meilleure façon qu’en instituant une congrégation d’hommes de bien et portés à la piété, qui auraient pour tâche d’aider et de servir ces pauvres malheureux, non pour de l’argent mais de plein gré et par amour de Dieu (Vie de Camille de Lellis)
Prière
Tu as donné, Seigneur, à saint Camille de Lellis la grâce d’une étonnante charité envers les malades ; répands encore en nous ton Esprit d’amour, et quand nous t’aurons servi dans nos frères, nous pourrons, à l’heure de quitter ce monde, nous en aller vers toi en toute paix. Par Jésus Christ.
Lectures bibliques
Tb 12,6-13 ; Lc 10,25-37
NICODÈME L’HAGIORITE (1749-1809) moine
En 1809 meurt Nicodème l’Hagiorite, moine et éditeur des plus importantes collections de spiritualité patristique de l’Orient chrétien.
Nicolas Kalliboutzes, tel est son nom de baptême, était né en 1749 sur l’île de Naxos. A vingt-six ans, il se rendit au Mont Athos pour y devenir moine du monastère de Dyonisiou. Il commençait ainsi son itinéraire monastique, qui saura associer harmonieusement la tradition hésycaste avec l’étude et la divulgation des œuvres des pères.
Homme de prière, doué, de plus, d’une mémoire exceptionnelle et d’une grande ouverture à la sagesse chrétienne, qu’elle soit d’Orient ou d’Occident, Nicodème parvint à donner à l’hésycasme, concentré sur la pratique de la prière de Jésus, un solide enracinement biblique et patristique ; il sut, en même temps, transmettre de façon vitale le message des pères en des œuvres qui demeurent aujourd’hui encore la référence essentielle pour la vie spirituelle de tout chrétien orthodoxe, comme la célèbre Philocalie rédigée à la demande de Macaire de Corinthe.
Ce travail lui fut possible grâce à son expérience personnelle de Dieu dans la solitude et dans la prière, et à sa recherche passionnée dans les traditions du passé, y compris celles d’Occident, comme les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola. Nicodème sut exprimer ces traditions en un message vivant et authentique à transmettre à toute la communauté ecclésiale pour la vivifier.
L’Hagiorite vécut une grande partie de sa vie dans de petites kellia (cellules) de la Sainte Montagne, qui constituaient le milieu idéal pour sa double activité d’étude et de prière.
Lecture
L’enseignement du Seigneur dit : « Le règne de Dieu est au-dedans de vous » ; purifie donc d’abord l’intérieur de la coupe et alors l’extérieur sera pur !
Mais ici je commence à gémir, en effet les livres qui traitent de la connaissance de cette activité réellement apte à purifier, à illuminer et à porter à la pleine maturité chrétienne, voilà que pour l’antiquité, c’est rareté et, permettez-moi de le dire, s’ils ont jamais été donnés à l’impression, ils sont presque disparus ; et si par hasard il en est resté, comme ils sont rongés par les mites et tous en loques, c’est comme s’ils n’existaient pas.
Il y a donc un danger que cette très douce activité cesse totalement et que suite à cela la grâce s’obscurcisse. Si cette dernière vient à manquer, pourtant, même s’il en est un qui lutte selon ses possibilités, il n’en tirera aucun fruit. Voici donc rassemblés ces textes qui nous mènent savamment à la pureté du cœur, à la sobriété de l’intelligence, à revivifier la grâce qui est en nous. Ce livre propose dans tous les domaines ce qui est parfait : la chose la plus opportune est désormais de prendre en mains l’invitation au banquet de la Sagesse, pour appeler tout le monde, avec force, au festin de ce livre spirituel : Venez, vous tous qui avez part à la vocation chrétienne, moines et laïcs ensemble, vous qui avez trouvé le règne de Dieu qui est en vous et le trésor caché dans le champ du cœur, ou mieux le doux Christ Jésus ! (Nicodème l’Hagiorite, Introduction à la Philocalie).
Prière
Comme un grand initié de la vie vertueuse et comme un maître théophore de la piété : voilà comment l’Église orthodoxe t’a reconnu ; en effet, tu as révélé le charisme venu du ciel grâce à tes écrits inspirés. Père Nicodème, avec joie nous te célébrons !
Les Églises font mémoire…
Anglicans : John Keble (+1833), prêtre, poète
Catholiques d’occident : Camille de Lellis, prêtre (calendrier romain et ambrosien) ; Théodore (IIIe-IVe s.), martyr (calendrier mozarabe)
Coptes et Éthiopiens (7 abib/hamlë) : Shenouda le Grand d’Atripe (Ve s.), chef des ermites (Église copte-orthodoxe) ; Lin (1er s.), pape de Rome (Église copte-catholique) ; Visite de la Trinité à Abraham (Église éthiopienne)
Luthériens : Karolina Utriainen (+1929), prédicatrice laïque en Finlande
Maronites : Bonaventure (+1274), évêque
Orthodoxes et gréco-catholiques : Aquila (1er s.) apôtre, un des 72