16 Juin
JEAN TAULER (env.1300-1361) prêtre
En 1361 meurt à Strasbourg, où il était né au début du siècle, Jean Tauler, frère dominicain et témoin parmi les plus aimés du Moyen Age occidental.
De famille aisée, Jean n’avait pas encore quinze ans quand il entra au couvent des dominicains de Strasbourg ; comme le voulait la tradition, il y reçut une éducation scientifique, théologique et spirituelle. Mais la véritable motivation à repenser sa foi en profondeur lui vint du fait qu’il vivait à une époque de grands conflits et de contestations de l’Évangile, même au sein de son Ordre, ce qui avait provoqué à plusieurs reprises les interventions directes du chapitre général des Frères Prêcheurs.
Pour répondre au déclin de la vie spirituelle des religieux et du peuple chrétien, Tauler donna naissance aux « amis de Dieu » (comme on les appelait), des groupes de chrétiens engagés à mener une vie de foi fondée le plus possible sur l’écoute de l’Évangile et sur la prière personnelle.
Pendant des années d’intense apostolat au sein des couvents dominicains d’Alsace et auprès des béguinages de la région, Tauler enseigna une façon de vivre l’expérience de la rencontre avec Dieu inspirée de la pensée théologique des pères de l’Église et de la mystique de Maître Eckhart. Il forma ainsi des générations entières de croyants à une spiritualité apte à soutenir, dans la vie de tous les jours, un engagement concret en cohérence avec l’Évangile.
À sa mort, Tauler laissa une collection de Sermons qui restent parmi les expressions les plus sobres et les plus évangéliques de la littérature mystique médiévale.
Lecture
La prière authentique est une véritable ascension en Dieu, qui élève totalement l’esprit, en sorte que Dieu peut en vérité pénétrer dans le fond le plus pur, le plus intime, le plus noble, le plus intérieur, où seul il est une vraie unité, à propos de laquelle Augustin dit que l’âme est en soi un abîme caché qui n’a rien à voir avec le temps et avec toutes les choses de ce monde.
Dans cet abîme noble, délicieux, dans ce royaume céleste, là s’immerge la douceur, là est sa place éternellement, et là l’homme devient tellement silencieux, primordial et sage, et toujours plus détaché, plus intériorisé et plus élevé dans une pureté et une passivité plus importantes, toujours plus abandonné en tout, parce que Dieu lui-même est là, présent, en ce noble royaume, il y opère, il y demeure et il y règne.
L’homme alors acquiert une vie toute divine, et là l’esprit se fond complètement, s’enflamme en toutes choses et se laisse attirer dans le feu ardent de la charité qui est essentiellement Dieu même par nature. De cet état, les hommes redescendent ensuite vers toutes les nécessités du saint peuple chrétien, ils se tournent par une prière et un saint désir vers tout ce pour quoi Dieu veut être prié, et au bénéfice de leurs amis, ils vont vers les pécheurs et s’emploient en toute charité à trouver remède pour les besoins de tout un chacun (Tauler, Sermons 24,7).
Les Églises font mémoire…
Anglicans : Richard (+1253) évêque de Chichester ; Joseph Butler (+1752), évêque de Durham, philosophe
Catholiques d’occident : Adrien, Nathalie et leurs compagnons (IVe s.), martyrs (calendrier mozarabe)
Coptes et Ethiopiens (9 ba’unah/sanë) : Samuel (XIe s. av. J.-C.), prophète (Église copte)
Luthériens : Jean Tauler : mystique de la Haute Rhénanie
Maronites : Osée (VIII s. av. J.-C.), prophète
Orthodoxes et gréco-catholiques : Tykhon le Thaumaturge (IV-Ve s.), évêque d’Amathonte .