16 Avril
BENOÎT JOSEPH LABRE (1748-1783) témoin
Le Mercredi saint 1783 s’éteint à Rome Benoît Joseph Labre, vagabond de Dieu.
Natif d’Amettes (aujourd’hui dans le diocèse d’Arras), dans le nord de la France, il reçut une instruction suffisante pour lire en latin les grands textes spirituels de son temps.
Benoît, dès son plus jeune âge, comprit qu’il était appelé à la vie monastique, mais la recherche sa vocation ne se fit pas sans difficultés. De fait, il fut refusé par diverses chartreuses à cause de son âge précoce et d’une santé délicate. Les trappistes, de leur côté, ne le jugèrent pas apte à mener une vie religieuse traditionnelle.
Le jeune Labre ne se le tint pas pour dit et, partant de ses propres limites et du refus qu’il avait essuyé, il parvint à discerner l’appel à une forme de témoignage différent et en même temps profondément évangélique. Devenu pèlerin sans demeure fixe, en quête de la cité future, Benoît s’immergea dans la prière, qui ne l’abandonnera plus jusqu’à la mort, et visita les grands centres de l’Europe chrétienne, avec pour tout bagage le Nouveau Testament, le bréviaire et l’Imitation de Jésus Christ.
Arrivé à Rome à vingt-huit ans, il y vécut comme un vagabond pendant sept ans, allant d’une église à l’autre et dormant dans les ruines du Colisée, à l’écoute des pauvres et des pèlerins, ami des hérétiques et des non croyants, totalement abandonné à l’amour miséricordieux de Dieu, son rêve de petit garçon.
A sa mort, la rumeur se répandit dans les rues de Rome : « Le saint est mort », et des milliers de pauvres et de vagabonds voulurent assister à ses funérailles à Sainte Marie des Monts.
Benoît Labre, vagabond de Dieu et pauvre à la suite du Christ, témoigne au cœur de l’Église d’Occident que la sainteté est un paradoxe possible, qui le rapproche des grandes figures des « fols en Christ » des Églises d’Orient.
Lecture
Comme l’Église est bonne en ce siècle de haine,
D’orgueil et d’avarice et de tous les péchés,
D’exalter aujourd’hui le caché des cachés,
Le doux d’entre les doux à l’ignorance humaine
Et le mortifié sans pair que la Foi mène,
Saignant de pénitence et blanc d’extase, chez
Les peuples et les saints, qui, tous sens détachés,
Fit de la pauvreté son épouse et sa reine,
Comme un autre Alexis, comme un autre François,
Et fut le Pauvre affreux, angélique, à la fois
Pratiquant la douceur, l’horreur de l’Évangile !
Et pour ainsi montrer au monde qu’il a tort
Et que les pieds crus d’or et d’argent sont d’argile,
Comme l’Église est tendre et que Jésus est fort !
(Paul Verlaine, "Saint Benoît-Joseph Labre", jour de la canonisation).
Prière
Dieu de l’espérance, tu as appelé à la vie itinérante le pauvre et humble Benoît Labre : plein de joie et de charité, perdu dans ta prière, il a marché sur les chemins comme un girovague : donne-nous d’aimer la folie de la croix et de nous sentir pèlerins du Royaume. Par le Christ notre Seigneur.
Les Églises font mémoire...
Anglicans : Isabelle Gilmore (+ 1923), diaconesse
Catholiques d’occident : Engrazia et 18 compagnons de Saragosse (III-IVe s.), martyrs (calendrier mozarabe)
Coptes et Ethiopiens (8 barmüdah/ miyazya) : Agapé, Irène et Chiona de Thessalonique (+ 304), martyres (Église copte)
Luthériens : Sundar Singh (+ 1929), témoin de la foi en Inde
Maronites : Benoît Labre ; Bernadette Soubirous (+1879)
Orthodoxes et gréco-catholiques : Agapé, Irène et Chiona de Thessalonique et leurs compagnons, martyres.