10 Février
SCHOLASTIQUE (env. 480-547) moniale
Aujourd’hui, les Églises d’Orient et d’Occident font mémoire de Scholastique, sœur de Benoît de Nurcie.
De Scholastique, personnage enveloppé de mystère, on ne sait que ce que le biographe de Benoît, Grégoire le Grand, a laissé comme traces dans le second livre de ses Dialogues.
Dès l’enfance, elle avait été vouée à la vie religieuse et avait gardé l’habitude de se rendre une fois par an chez son frère Benoît au Mont Cassin. L’une des plus belles pages de l’œuvre de Grégoire décrit l’ultime rencontre de Scholastique avec son frère. Ce dernier, le soir venant, voulait rentrer dans son monastère, par fidélité à la Règle, mais Scholastique, qui pressentait que sa fin était proche, pria le Seigneur qu’il lui accorde de s’entretenir toute la nuit avec Benoît et de partager avec lui, dans la prière et dans l’échange, sa recherche de Dieu.
La légende veut qu’un orage subit donna raison à la prière de Scholastique : elle avait triomphé, commente Grégoire, de l’obstination de Benoît ; elle avait en effet fait preuve d’un amour plus grand que celui de son frère.
Scholastique nous rappelle à tous qu’au-delà des lois et des règles que nous pouvons nous imposer pour marcher sur les traces du Seigneur, il n’existe pas de voie plus sûre, pour trouver la volonté de Dieu dans nos vies, qu’une charité ardente et sincère.
Lecture
Scholastique adressa à Benoît cette prière : « Je t’en prie vraiment : ne me quitte pas durant cette nuit, mais attardons-nous jusqu’au matin pour goûter, dans nos échanges, les joies du ciel ». Mais lui répondit : « Mais que dis-tu, ma soeur ? Je ne puis absolument pas passer la nuit en dehors du monastère ». A la réponse négative de son frère, Scholastique posa ses mains jointes sur la table, y appuya sa tête et se plongea dans une profonde prière. Quand elle releva la tête de la table, un orage se déchaîna et ni le vénérable Benoît ni les moines qui l’accompagnaient ne purent mettre le pied hors de l’hôtellerie.
Benoît fut contraint contre sa volonté à demeurer là. C’est ainsi qu’ils passèrent toute la nuit à veiller et leurs âmes furent comblées par leurs saints conciliabules.
Il ne faut pas s’étonner qu’une femme, mue par le désir de s’entretenir plus longuement avec son frère, ait eu plus de pouvoir que lui : en effet, selon que Jean nous l’enseigne : « Dieu est amour » : rien de plus juste alors que celle-ci qui aimait davantage ait eu plus de pouvoir (Grégoire le Grand, Dialogues 2,33).
Prière
En célébrant la mémoire de sainte Scholastique, Seigneur, nous te prions : fais que nous sachions, nous aussi, te servir avec une charité sans défaut et goûter la douceur de ton amour.
Lectures bibliques
1 Co 7,25-35 ; Lc 10,38-42
PAUL DE THÈBES (+ env. 228-341) moine
L’Église copte fait mémoire aujourd’hui de Paul de Thèbes, premier ermite chrétien.
Les données les plus sûres à son sujet sont contenues dans sa Vie écrite par Jérôme, qui tend à détruire les légendes et à rétablir un cadre réel, pour ces temps-là, de l’ermite égyptien.
Né autour de 228, d’une très riche famille chrétienne, Paul reçut une éducation raffinée ; s’étant réfugié en Basse Thébaïde pour fuir les persécutions contre les chrétiens, face à l’hostilité de son cousin qui voulait le dénoncer aux autorités, il décida de faire de sa propre fuite un choix de vie radical et volontaire. Ayant trouvé une grotte bien cachée au creux des rochers, mais irriguée par une petite source au débit constant, il s’y établit jusqu’à sa mort. Selon la tradition, comme signe que là était la volonté de Dieu pour lui, Paul recevait chaque jour d’un corbeau la ration de pain nécessaire à sa subsistance.
Sur les quatre-vingt-dix ans que Paul passa dans sa grotte, règne le silence le plus absolu, comme pour montrer l’indicible de l’expérience de Dieu que l’ermite chrétien peut vivre dans la solitude. En cela, Jérôme oppose Paul à saint Antoine, exemple de solitaire devenu maître d’ascèse et d’engagement dans les aléas de l’histoire.
Avant de mourir, Paul reçut la visite d’Antoine qui en assura la sépulture dans la fosse creusée pour Paul par deux lions, qui figurent souvent à son côté et à celui de son visiteur dans l’iconographie traditionnelle.
Aujourd’hui encore, autour de la grotte de Paul, vit une communauté d’anachorètes totalement dévoués à la quête de Dieu dans la solitude.
Lecture
Quand la tempête de la persécution éclata, Paul se retira dans une campagne éloignée et ignorée. Mais « à quels excès la faim sacrilège de l’or ne pousse-t-elle pas les hommes ? »(Enéïde II). Le mari de sa sœur résolut de livrer celui dont il aurait dû protéger la retraite. Les larmes de cette femme, les liens du sang, la pensée de Dieu qui du ciel voit tout sur la terre, rien ne put le détourner de sa criminelle résolution. Il était là menaçant toujours de l’exécution, couvrant sa barbarie du voile de l’affection.
Dès que l’adolescent eut habilement pénétré cette pensée, il s’enfuit vers les montagnes désertes ; attendant la fin de la persécution, il fait de nécessité vertu, allant parfois plus loin, puis s’arrêtant encore ; et, dans ces étapes successives, il se trouva devant une montagne de rocher, au pied de laquelle il reconnut l’entrée peu spacieuse d’une grotte, fermée par une pierre. L’esprit de l’homme étant toujours tenté par l’inconnu, il écarta cet obstacle ; puis explorant avec attention l’intérieur, il s’engagea dans un vestibule, ouvert par en haut, mais dont l’ouverture était dissimulée par les larges rameaux d’un vieux palmier, qui révélait une source très limpide. L’eau ne jaillissait qu’au dehors par un mince filet, et la terre elle-même qui venait de la produire l’absorbait aussitôt. Il y avait de plus dans cette infractuosité de la montagne un certain nombre de demeures où l’on apercevait des coins rouillés et des marteaux portant l’empreinte de la monnaie. Des livres égyptiens rapportent qu’on avait secrètement battu monnaie dans cet endroit, à l’époque où Cléopâtre vivait avec Antoine.
Paul s’attacha donc à ce séjour, comme s’il le tenait de Dieu même, et c’est là que s’écoula toute sa vie dans la prière et la solitude (Jérôme, Vie de Saint Paul, ermite 4-6).
Prière
Abba Paul, notre saint père, est devenu le premier ermite dans le désert ; il a pratiqué l’ascèse sans interruption, de jour comme de nuit. Il s’est exercé dans la piété ; il a obtenu la victoire par la force du Christ.
Ô grand saint abba Paul, prie pour nous le Seigneur, lui que tu as tant aimé, qu’il nous remette nos péchés.
Lectures bibliques
He 13,7-25 ; 1P 5,1-14 ; Ac 15,12-21 ; Mc 9,33-41
Les Églises font mémoire...
Anglicans : Scholastique, sœur de Benoît, abbesse de Plombarola
Catholiques d’occident : Scholastique, vierge (calendrier romain et ambrosien)
Coptes et Ethiopiens (2 amsir/yakkatit) : Paul de Thèbes, premier ermite
Luthériens : Friedrich Christoph Oetinger (+ 1782), théologien dans le Württemberg
Maronites : Apolline (+ 242), martyre ; Dorothée (IVe s.) vierge et martyre
Orthodoxes et Gréco-catholiques : Caralampe le Thaumaturge (+ 202), hiéromartyr.