8 Février
SÉVÈRE D’ANTIOCHE (env. 459-538) moine et pasteur
Aujourd’hui, l’Église syro-occidentale fait mémoire de Sévère, moine et patriarche d’Antioche au VI è siècle, dont l’Église copte se souvient elle aussi le 14 de amsir et le 2 de babah.
Sévère était originaire de Sozopolis en Pisidie. Après ses études à Alexandrie et à Berit (l’actuelle Beyrouth), il se retira dans un monastère aux alentours de Gaza, attiré par le radicalisme évangélique des moines palestiniens.
Il se forma dans ces lieux fidèles à la théologie de Cyrille d’Alexandrie et hostiles tant à la philosophie grecque qu’aux définitions du concile de Chalcédoine ; Sévère s’adonna, une grande partie de sa vie, à condamner les positions dites « monophysites modérées », en se basant sur les Écritures et sur les enseignements des pères.
Après un séjour à Constantinople, Sévère fut consacré en 512 patriarche d’Antioche. Durant les années de son ministère pastoral à Antioche, il transmit à ses fidèles, dans ses homélies qui comptent parmi les plus belles de l’Antiquité, un profond désir de connaître le Christ et d’être en communion avec Dieu.
À maintes reprises, il tenta aussi d’apporter un sérieux concours à la compréhension entre les diverses factions théologiques qui divisaient désormais l’Église d’Orient, mais il fut contraint à y renoncer en raison des changements incessants de la politique impériale.
Au terme d’un long voyage à Constantinople, Sévère se retira alors en Egypte, où il mourut à Chois le 8 février 538, conscient d’avoir fait tout ce qu’il avait pu pour que la charité ait le dernier mot dans l’Église.
Lecture
Frères, demain nous partons vers les saintes églises des campagnes et vers les saints monastères de ceux qui se consacrent à la vie solitaire. En effet, la loi veut que celui qui, quelle que soit l’époque, occupe ce siège apostolique, quitte la ville pour visiter le troupeau de son diocèse.
Mais vous, pourquoi pensez-vous que je me déroberai quand pour un peu de temps je vais être séparé de la communion avec vous, les amis de Dieu ? A tout moment, en mon absence, persévérez à vous rendre à l’église avec assiduité, et là, élevez vos mains et demandez à Dieu qu’il vous conduise en toute oeuvre bonne et qu’il vous aide. Fortifiez-vous dans la foi et dans la pureté des mœurs, en faisant le signe de la croix sur votre front et en vous revêtant de la force des saints mystères comme d’une cuirasse. Grâce à la miséricorde qui abonde pour ceux qui sont dans le besoin, vous serez dignes de la miséricorde qui vient d’en-haut. Et nous aussi, nous vous aiderons, en demandant à ces hommes qui ont laissé le monde pour s’unir à Dieu, qu’ils fassent monter pour vous de pures prières (Sévère d’Antioche, Homélie cathédrale 55).
Prière
Pasteur affermi, lampe qui porte la lumière, défenseur de l’orthodoxie, tel est le patriarche Sévère, berger du troupeau du Christ. Tout genou fléchit devant le Seigneur, toute langue le bénit ; la gloire de Dieu se répand et remplit la face de la terre. Ô maître de l’orthodoxie, demande au Seigneur pour nous qu’il nous remette nos péchés.
Lectures bibliques
2Tm 3,10-4,22 ; 1P 5,1-14 ; Ac 20,17-38 ; Jn 10,1-16
ÉTIENNE DE MURET (+ 1124) moine
Le martyrologe romain fait aujourd’hui mémoire d’Étienne de Muret, ermite et témoin de la simplicité et du radicalisme évangéliques.
Tout ce que nous savons des trente premières années de sa vie, nous le devons à son biographe Étienne de Liciac. Selon ce dernier, Étienne de Muret, né en Auvergne, s’était rendu en Italie du Sud avec son père, alors qu’il n’avait qu’une douzaine d’années. Ce fut sans doute à cette occasion qu’il eut contact avec des groupes d’ermites aux environs de Bénévent, et qu’il resta fortement fasciné par leur genre de vie.
Revenu à Ambazac, vers 1076, Étienne se retira dans la solitude sur la colline de Muret, dans le Limousin, et, peu à peu, d’autres amoureux du silence se regroupèrent autour de lui. Quelques années après, le bois de Muret se remplit de petits refuges, qui, par la suite, se transformèrent en un monastère classique. Étienne y fut simplement un témoin fidèle et authentique de l’Évangile : à Muret, il accueillait chaque jour des pèlerins, des vagabonds, des visiteurs de toute espèce, manifestant à tous la même miséricorde et le même amour ; mais il recevait surtout les pauvres, reconnaissant en eux la visite du Christ, et les pécheurs, auxquels il manifestait la force de la miséricorde, infiniment plus grande que la force du péché.
Étienne mourut le 8 février 1124, sans laisser le moindre écrit. Mais ses disciples, à partir de ses enseignements oraux, rédigèrent une oeuvre spirituelle et une Règle.
A sa mort, ses compagnons furent obligés de quitter Muret pour Grandmont, où ils donnèrent vie à l’Ordre grandmontain, en s’inspirant du témoignage d’Étienne, qui influença de manière significative la renaissance spirituelle du XII e siècle.
Lecture
Voilà ce que pensait notre père Étienne : « Le pécheur qui vient chez nous, s’il entend des mots durs, pensera que Dieu est cruel et il s’attachera plus encore à son iniquité. Il sera au contraire plus facilement à l’écoute de celui qui lui annonce le salut de son âme si, d’abord, il a reçu ce dont son corps a besoin. S’il faut donc leur servir des biens spirituels pour les délivrer de leur erreur, bien plus encore faut-il leur donner des biens de ce monde pour qu’ils servent le Christ ». Et il s’adressait aux pécheurs de la sorte, leur annonçant l’amour de Dieu : « Mon frère, n’aie pas peur. Tu ne peux pas vaincre Dieu au point d’avoir, toi, plus de pouvoir quand tu pèches que lui quand il pardonne. Tes péchés n’ont plus d’importance dans l’instant où tu te convertis à Dieu » (Étienne de Muret, L’Évangile et rien d’autre).
Prière
Ô Dieu qui a conduit le bienheureux Étienne à la solitude pour en faire, dans le Christ, le père d’une multitude de fils spirituels et pour leur montrer par la parole et par l’exemple le chemin qui mène à la patrie céleste, accorde-nous, à nous qui avons goûté le pain du ciel sur cette terre, de connaître le chemin qui conduit jusqu’à toi ; que nous puissions parvenir au repos qui ne finit pas. Par le Christ notre Seigneur.
Lectures bibliques
Is 35,1-10 ; Mt 19,27-30
Les Églises font mémoire...
Catholiques d’occident : Jérôme Emilien (+ 1537 ; calendrier romain et ambrosien)
Coptes et Ethiopiens (30 tubah/terr) : Sophie, Pistis, Elpis et Agapé de Thessalonique (IIe s.), martyres (Églises coptes)
Luthériens : Georg Wagner (+ 1527), témoin jusqu’au sang en Autriche
Maronites : Zaccharie (VIe-Ve s.a.C ), prophète
Orthodoxes et gréco-catholiques : Théodore le Stratilate (+ 319), grand martyr ; Zaccharie , prophète
Syriens d’occident : Sévère, patriarche d’Antioche, gloire des Syriens