Paternité spirituelle et monde contemporain


Et pourtant, il a quelque chose qui captive. Il a la grâce. Il a le don d'attirer, d'inspirer confiance et de trouver toujours les meilleures réponses aux plus difficiles problèmes et questions. Il a de la chaleur et de l'amour pour les hommes. Il ouvre sa porte à tous. Et si quelqu'un lui apporte un don, il l'offrira au visiteur suivant. Il est très spirituel parce qu'il est très humain. Il soupire tout le temps après l'hésychia et la solitude, mais personne ne l'a jamais entendu se lamenter à cause du bruit de tant de touristes. Le devoir de sa vie est d'être «l'homme pour les autres».
Le Père Païssie est continuellement blessé par les douleurs, les souffrances, les maladies des gens, par leurs trop nombreux péchés; mais en même temps, il est serein, plein de bienveillance, indulgent, compatissant et clément. Ceux qui passent par sa cellule en sortent décidés à changer de vie ; ils retrouvent la foi et la confiance et recentrent leur vie sur Dieu et sur sa Parole. Le miracle est que tout cela se fait par le Père Païssie. Personne ne sait s'il est conscient de ces miracles. Peut-être non, peut-être oui, dans la mesure où il sait qu'il redonne confiance aux gens qui l'ont perdue. Il la leur redonne tout d'abord avec la foi que l'espoir re naîtra en eux. Mais pour lui, tout cela appartient à l'ordre de la nature, aux choses normales et évidentes. Il prend les gens là où ils se trouvent et les place sur le chemin qu'ils doivent suivre ; et ils le suivent.
Il a tout de même un don particulier, qui pourrait expliquer, au moins en partie, son «secret» spirituel (bien que le mot «secret» ne convienne pas dans son cas, tout au contraire). Ceux qui le quittent partent avec la conviction que leurs péchés leur sont remis. Et cela se passe parce que lui-même est fermement convaincu que, devant Dieu, il a assumé à leur place la responsabilité du péché. En quelque sorte, il reste débiteur à leur place devant Dieu. Un moine disait : « Le Père Païssie porte les péchés de tous les hom mes». C'est ce qui explique son état permanent de pénitent. Beaucoup de prêtres de son monastère, et d'autres qui l'ont approché, en sont arrivés à sentir la même responsabilité et redoutent de confesser, se pensant trop faibles pour porter les péchés des autres et pour les racheter par leur vie.
La plupart des visiteurs du Père Païssie viennent pour se confesser. Bien sûr, il parle amicalement avec tous les touristes, mais avec les fidèles, le dialogue prend la forme liturgique du sacrement. Il sent qu'il doit toujours se tenir dans le sacré pour communiquer aux autres le sens du sacré. Même quand il reçoit des gens qui viennent sans intention de se confesser, il feint d'avoir oublié d'enlever son étole afin de pouvoir parler avec eux en tant que prêtre et dans la fonction de son office sacré.
C'est un homme d'une grande et authentique humi lité, que sa popularité n'a affectée en rien parce qu'il n'y prête pas attention. Au contraire, il regarde la douleur de ceux qui viennent dans l'espoir d'être guéris. Tout ce qu'il donne, il le reçoit de Dieu. Dieu est Celui qui pardonne et inspire les solutions. Mais il ne parle pas de cette conviction. Ce qui, d'ailleurs, n'est pas nécessaire, parce qu'on le voit et qu'on le sent ».