Les thèmes du colloque
XVe Colloque œcuménique international
Le colloque entend proposer un véritable itinéraire pour pour saisir le mystère de la Transfiguration dans toute sa profondeur
PATRIARCAT ŒCUMENIQUE DE CONSTANTINOPLE
PATRIARCAT DE MOSCOU
MONASTERE DE BOSE
Région Piémont – Université de Turin
XIVe Colloque œcuménique international
de spiritualité orthodoxe
Monastère de Bose, 16 – 19 septembre 2007
La transfiguration du Christ
dans la tradition spirituelle orthodoxe
Transfiguration du Christ, transfiguration de l'homme
La Transfiguration du Christ est gage de la résurrection et prophétie de la transfiguration de toute chair en Dieu. C'est surtout l'Église d'Orient qui a su conserver et raconter ce mystère dans sa tradition ascétique et dans sa vie liturgique.
« La Transfiguration occupe une position centrale dans la vie de notre Église », écrit le patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, dans le message qu'il a adressé aux particfipants du colloque. « L'explorer spirituellement peut être décisif pour comprendre en vérité notre foi et le chemin spirituel de chaque fidèle vers Dieu ». Ces mots trouvent une parfaite convergence dans le message du patriarche de Moscou, Alexis II: « Dans l'Orthodoxie, le thème de la Transfiguration, et l'idée qui lui est liée de divinisation, occupe une place de choix. La Transfiguration révèle le mystère divin auquel sont appelés les hommes et le monde entier qui les entoure. »
S'il est vrai, comme l'a écrit le cardinal Walter Kasper dans son message aux participants du Colloque, que « l'Église a fait de nombreuses expériences de la difficulté de saisir par des mots le Mystère du Christ », et du fait qu'il est « devenu, plus d'une fois à travers l'histoire, un signe de division, une cause d'opposition, voire d'intolérance, et un paravent commode pour ignorer les autres et vivre de manière orgueilleuse de notre propre côté », la Transfiguration du Seigneur, cette fête célébrée dans toutes les Églises chrétiennes, peut devenir l'occasion d'une épiclèse de sainteté qui conduise les Églises à la communion visible…
Le colloque entend proposer un véritable itinéraire pour saisir le mystère de la transfiguration dans toute sa profondeur, mais aussi dans toute sa signification pour les hommes et les femmes de notre temps. Le point de départ de ce parcours réside dans une écoute attentive de la Parole de Dieu contenue dans les Écritures (Enzo Bianchi, prieur de Bose l'a souligné à l'ouverture du colloque). Grégoire de Nazianze voyait déjà dans la Transfiguration la synthèse de l'Évangile, l'annonce doxologique du mystère pascal: elle est en effet annoncée devant l'Église, représentée par Pierre, Jacques et Jean, et devant les représentants de l'Ancien Testament, Moïse et Élie, la Loi et les prophètes, appafrus pour partager la gloire du fils.
Mais dans la Transfiguration, comme l'ont toujours compris les Pères grecs, il n'y a pas que la fin de la vie de Jésus, sa passion et sa résurrection, l'abaissement et la gloire. Dansf la Transfiguration est représentée la vérité de la vie quotidienne de Jésus, la vie de Jésus comme vie filiale, une vie vécue dans la logique du don, du service envers les autres, de l'amour jusqu'à la mortt. C'est cette vie vécue par amour que manifeste la splendeur de la gloire de Dieu: elle se révèle transfigurée aux yeux des disciples. Ce n'est pas un hasard si les Pères grecs, depuis Jean Chrysostome jusqu'à Grégoire Palamas, ont toujours interprété cet événement comme une transfiguration du regard des trois témoins.
Voilà pourquoi la transfiguration représente une événement central dans le message chrétien. Dès le premier millénaire, les Églises ont ressenti le besoin de le célébrer, de le rendre éloquent dans la dynamique de la vie spirituelle. Les premiers témoignages d'une fête liturgique de la Transfiguration proviennent de Jérusalem (Ve siècle): la fête entra dans le calendrier de l'Église de Constantinople à la fin du VIIe siècle, sans doute grâce à André de Crête, et fut introduite en Occident par Pierre le Vénérable (mort en 1156), à Cluny (Fotios Ioannidis). À la dimension proprement liturgique, homilétique et hymnologique du thème est consacrée la seconde partie de la première journée du Collouqe, qui s'attachera à la tradition byzantine (Kostantinos Karaisaridis, Michel Van Parys) ainsi qu'à la tradition slave et russe (Alexander Sorokin).
Au parcours spirituel, qui unifie la vie chrétienne avec le mystère contemplé dans la Transfiguration, est consacrée la seconde journée du Colloque, qui part de la réflexion des Pères (Ramy Wannous, Ilarion Alfeev) pour prolonger son enquête parmi les auteur ascétiques du Moyen Âge byzantin (Antonio Rigo) et latin (André Louf) et s'arrêter au seuil de la controverse palamite (Ioannis Polemis).
Dans la grande tradition monastique d'Orient et d'Occident, avant le développement spéculatif de la scholastique occidentale, le lieu où se joue le parcours spirituel qui amène à la transfiguration n'est ni la raison ni les sens, mais le cœur: « Le Christ est dans ton cœur: veille sur ton cœur, car de lui vient la vie », écrit Guigues le Chartreux. La raison dépose ici ses armes, et seul l'amour parvient à connaître Dieu: « La raison ne goûte qu'en passant, mais c'est l'amour qui saisitf la saveur dans sa réalité », précise Guigues.
Cette dimension de l'expérience de la vie spirituelle, qui trouve son but la transfiguration de tout l'être humain, est aussi le trait distinctif de la renaissance de la spiritualité orthodoxe, et en particulier du monachisme (Serafim Belonozko), dans la Russie du XIXe siècle, où la rencontre entre la redécouverte des Pères et la recherche existentielle des philosophes, écrivains et artistes offrira les éléments pour une nouvelle synthèse entre la tradition chrétienne et les défis contradictoires de l'histoire contemporaine (Sergij Chovorun). Mais c'est surtout dans la splendeur du mystère contemplé et célébré dans l'icône que l'Église d'Orient ne cesse d'annoncer aux hommes la beauté qui attend l'histoire humaine et tout le cosmos transfigurés (Stamatis Skliris, Engelina Smirnova).
La dernière journée du Colloque est consacrée à certains grands témoins de la transfiguration au XXe siècle, qui ont su traverser les ténèbres de la persécution et du martyre, de la haine et de la violence qui défigurent le visage humain, sans jamais désespérer de la lumière de l'amour du Christ (Irinej Boulovic, sergej Chorozij, Iustin Marchis): l'évêque serbe Nicolas Velimirovitch (mort en 1956), saint Silhouane du Mont Athos (mort en 1938), le théologien roumain Dumitu Staniloae (décédé en 1993). C'est leur témoignage qui amènera aux conclusions du colloque, précédées encore des réflexions de l'évêque Kallistos Ware sur « La signification de la Transfiguration dans le monde contemporain ».