Message de Olav Fykse Tveit, COE
XVIIIe Colloque œcuménique international
Il XVIII Convegno di spiritualità ortodossa, che cercherà di approfondire il tema Comunione e solitudine, offrirà senza dubbio a diversi teologi di fama l’occasione di attingere ai tesori teologici e spirituali dell’Oriente e dell’Occidente
TEXTE ORIGINAL FRANCAIS
DU MESSAGE DU PASTEUR TVEIT
AUX PARTICIPANTS DU COLLOQUE
Monsieur le Prieur Enzo Bianchi
Monastère de Bose
I-13887 Magnano (Biella)
Italie
Genève, le 8 septembre 2010
Chers Prieur et membres de la communauté monastique de Bose,
Cher participants au congrès,
Frères et sœurs bien-aimés dans le Christ,
J’ai l’honneur et la grande joie de m’adresser à la communauté monastique de Bose pour la première fois depuis mon élection à la tête du Conseil œcuménique des Eglises en tant que Secrétaire général.
Je suis parfaitement conscient, toutefois, que depuis plusieurs années déjà, des liens d’amitié et de collaboration existent entre la communauté et le Conseil œcuménique des Eglises. Sans aucun doute, il s’agit de liens tissés sur le canevas de notre engagement commun dans la même cause et le même chemin vers l’unité des Eglises.
A ce propos j’aimerais affirmer, une fois encore, que la prière de Jésus en Jean 17: «afin que tous soient un!», reste le fondement du Conseil œcuménique des Eglises et, en même temps, son but. La question de l’unité n'est nullement dépassée. Plus que jamais elle est et doit rester à l’ordre du jour du Conseil œcuménique, des Eglises mêmes, et du mouvement œcuménique dans son ensemble.
Ainsi, nos liens de collaboration, nos relations et partenariats œcuméniques, nos synergies avec un grand nombre d’Eglises, d’institutions et de mouvements acquièrent une importance capitale. C’est dans cet esprit que j’aimerais exprimer notre grande appréciation de ce que la communauté monastique de Bose soit devenue un instrument précieux pour le développement et le renforcement des relations œcuméniques, pour l’encouragement et l’avancement du dialogue théologique, pour vivre l’expérience concrète du partage spirituel.
Le XVIIème Congrès sur la spiritualité orthodoxe, qui tâchera d’approfondir le thème «Communion et solitude», offrira sans doute l’occasion à plusieurs théologiens de renom de puiser dans les trésors théologiques et spirituels de l’Orient et de l’Occident et de présenter de nouvelles pistes de réflexion, de nouvelles ressources qui donneront une nouvelle vigueur à nos efforts.
Personnellement, j’aimerais suggérer la Croix, la croix de notre Seigneur et Sauveur commun Jésus Christ, comme clé de lecture possible pour le thème du congrès: «Communion et solitude».
Il n’y a pas de solitude plus tragique que celle de Jésus sur la Croix : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» (Ps. 22) Pourtant, dans son sens profond, cette solitude est partagée avec l’humanité toute entière. Nul doute que les grands maîtres spirituels sont ceux qui se sont sentis interpellés par cette image de Jésus abandonné et ont décidé de porter leur propre croix et de le suivre car ils ont compris que la croix est, en fait, le signe par excellence que Dieu est avec nous. Cela veut dire qu’en vérité il n’y a pas de vraie solitude pour ceux et celles qui décident de suivre le chemin de la croix car ils voient leur existence remplie de Dieu. Ils ne sont plus jamais seuls. L’amour inconditionnel de Dieu les accompagne, les affermit, les soutient. La croix leur permet de vivre l’amour de Dieu envers les êtres humains et la création, même dans la solitude, d’une manière toute autre, profonde, réelle, irréductible.
Vivre l’amour de Dieu pourrait être synonyme de recevoir avec gratitude le don de la croix, ce don qui lie les chrétiens les uns aux autres et leur rappelle leur vocation de porter la croix les uns avec les autres. En fait, cette vocation constitue le fondement de la communion, l’impératif de s’engager les uns avec les autres et d’œuvrer ensemble pour assurer cette communion qui est notre but ultime. Que ce soit dans le désert ou dans leur cellule monastique, les grands spirituels ont vécu ce désir ardent de la communion avec les frères et sœurs pour lesquels ils ont prié sans cesse, qu’ils ont reçus avec grâce et disponibilité, qu’ils ont soutenus et, avec qui ils ont, à l’occasion, partagé leurs croix.
Je suis heureux que, cette année encore, une de mes collègues soit présente parmi vous. Elle vous transmettra nos salutations les plus cordiales et l’assurance de nos prières pour le succès de votre congrès.
Vôtre dans le Seigneur,
Pasteur Olav Fykse Tveit
Secrétaire général du COE