Projet et comité scientifique

VIIIe Colloque liturgique international
LITURGIE ET ART
Le défi de la Contemporanéité
Bose, 3 - 5 juin 2010
Monastère de Bose
Office national pour les biens culturels ecclésiastiques – CEI

KIM EN JOONG, 2005, vitrail de l’église du monastère de GanagobiePROJET ET COMITÉ SCIENTIFIQUE

Organisé par le Monastère de Bose en collaboration avec l’Office national pour le patrimoine ecclésiastique de la Conférence des évêques d'Italie, le colloque poursuit la réflexion sur le rapport entre la liturgie et l'architecture, en ayant recours à la compétence d'experts provenant de différents pays et appartenant à diverses Églises chrétienens.

Le rapport de l’Église avec les arts est l’objet de débats depuis longtemps. En Europe, mais aussi au-delà, on s’efforce d’améliorer des relations dont Paul VI avait regretté l’interruption, dans son célèbre discours de 1964 auquel le pape Benoît XVI s’est référé lors de sa rencontre avec les artistes le 21 novembre 2009, soulignant lui aussi le fait que l’Église a besoin des arts. Le VIIIe Colloque liturgique international de Bose entend saisir la réelle tension existant entre revendication à l’autonomie de l’art et son engagement au service de l’Église.

Pour évaluer le rapport entre l’art et la liturgie, il sera avant tout nécessaire de vérifier si la distinction courante entre ars religiosa, ars sacra, et ars liturgica continue d’être utile. La discussion sera menée dans le cadre plus large d’une esthétique du croire et de son expression dans la liturgie. La foi exige d’être rendue perceptible non seulement à travers l’écoute de la parole de Dieu, mais aussi par les autres sens, en particulier celui de la vue. La dimension sensorielle de la foi chrétienne appartient à l’essence du christianisme en tant que religion révélée ; le mystère de l’incarnation se prolonge dans la structure sacramentelle de l’Église et de sa liturgie. Cette relation a constitué la base théologique marquant la fin de l’iconoclasme et a rendu possible une production artistique illimitée dans les églises tant orientales qu’occidentales.

Dans la mesure où l’art représente un « langage » qui peut transmettre une expérience de la transcendance, il comporte une analogie avec la liturgie dans ses langages symboliques verbaux et non verbaux. Pourtant la liturgie, dans son essence, est actio sacra, alors que les arts figuratifs sont statiques et abolissent l’expérience processuelle de la temporalité pour la déplacer dans l’intimité du spectateur. C’est, en un sens, leur force, puisqu’ils prolongent au-delà de l’instant l’expérience de la rencontre de Dieu à travers la Parole et le sacrement. D’autre part, toutefois, des tendances iconoclastes traversent toute l’histoire de l’Église, qui cherchent à mettre un terme à la tentation de vouloir représenter ce qu’on ne peut représenter.

La discussion sur l’art et l’Église a été menée presque exclusivement de la part de l’Église, par le magistère et les théologiens. Si l’Église exprime alors certaines exigences à l’encontre des artistes, de travailler par exemple en conformité avec la liturgie, se laisse-t-elle aussi imposer des exigences par les artistes ? Ceux-ci doivent-ils se limiter à servir l’exigence de beauté de l’Église ou d’autres registres de l’expérience humaine ne doivent-ils pas aussi être impliqués, comme le fait l’art contemporain ? Les papes ont reconnu cette tâche aux artistes : Jean-Paul II a parlé de l’art comme de la « voix de l’attente universelle de rédemption », tandis que Benoît XVI a affirmé que si « l’art doit déranger, la science tranquillise ».

Le Colloque liturgique fera usage du concept d’« image » dans un sens large. À ce propos, on doit faire la distinction entre des images primaires et secondaires. Une image primaire est le rassemblement liturgique lui-même (le Christ et la communauté visible) dans ses différents actes de communication. Les espaces ecclésiaux aniconiques, comme les églises cisterciennes, les temples réformés, les églises du XXe siècle, ne son pas privés d’images, bien qu’ils ne présentent pas ou peu d’images au sens usuel du terme. Ce n’est pas un hasard si le mouvement liturgique du XXe siècle a largement favorisé des églises sans images : on donnait alors davantage d’importance à l’image primaire qu’est l’action liturgique elle-même. Au début du siècle dernier, on a souvent assisté au retrait ou à la réduction des images accumulées en trop grand nombre dans les églises historiques ; mais vers la fin du siècle dernier, les images firent leur retour dans de nombreuses parties de l’Europe, à tel point qu’on a pu parler d’un « iconoclasme renversé ». On peut se poser la question de savoir si les images ne redeviennent pas – comme au XIXe siècle déjà – un succédané des célébrations liturgiques qui manquent souvent de langage, d’expression et d’éloquence ?

Le Colloque rassemblera les expériences d’architectes, d’artistes plastiques et de théologiens et réfléchira aux équilibres à trouver sur la crête « entre le temple et le musée » (Alex Stock). Des expériences significatives de la rencontre entre la liturgie et l’art contemporain seront par ailleurs présentées, provenant de différentes nations ainsi que de diverses confessions chrétiennes.

Comité scientifique: ENZO BIANCHI (Bose), STEFANO RUSSO (Rome), GOFFREDO BOSELLI (Bose), FRÉDÉRIC DEBUYST (Louvain-la-Neuve), PAUL DE CLERCK (Paris - Bruxelles), ALBERT GERHARDS (Bonn), ANGELO LAMERI (Rome), KEITH PECKLERS (New York - Roma), GIANCARLO SANTI (Milan).