Terre du ciel


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C’est cette espérance pour tous que la liturgie a toujours cherché à célébrer en cette fête, usant du langage et des images dont elle disposait: aujourd’hui, peut-être, certaines expressions liturgiques et certaines représentations iconographiques nous semblent inadéquates, mais l’aspiration qu’elles tentaient d’exprimer reste la même de nos jours, et même dans le fracas de la mi-août. Nous aimons notre terre, mais nous nous y sentons à l’étroit; nous nous préoccupons de notre corps, mais nous savons que nous sommes davantage que notre physique; nous luttons dans le temps et contre le temps, mais nous percevons que notre vérité dépasse le temps; nous jouissons de l’amitié et de l’amour, mais nous en saisissons les limites et en craignons la caducité. Peut-être est-ce précisément de cette possibilité de «penser en grand» — qui est dilatation des horizons et non des appétits, grandeur d’âme et non des prétentions — que l’humble femme de Nazareth est pour nous le gage, elle qui est devenue, par don de Dieu, Mère du Seigneur, terre du ciel. Alors ce corps transporté vers la Lumière, source et finalité de toute lumière, ne concerne plus la dévotion de quelques fidèles seulement, mais le sort ultime de tout le créé, assumé par l’Incréé: c’est la chair même de la terre qui, transfigurée, devient eucharistie, action de grâce, étreinte avec le ciel.
Oui, en cette mémoire de Marie élevée au ciel, les chrétiens, en pleines vacances, sont invités à transformer en reconnaissance, en eucharistie, en action de grâce devant le Créateur et Sauveur, la création qu’ils contemplent et qu’ils devraient sauvegarder avec amour et attention.

Enzo Bianchi

Tiré de Donner sens au temps, Bayard, 2004.