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L'immersion dans l'humain


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BAPTÊME DU SEIGNEUR

 Jean le Baptiste a commencé sa prédication par un cri: «Convertissez-vous, car le Royaume des cieux s’est approché» (Mt 3,2). Et voici qu’à cet appel adhèrent de nombreux juifs qui, ayant décidé dans leur cœur de changer de mentalité et de comportement, de produire des fruits de pénitence, se font immerger par Jean dans les eaux du Jourdain. Jean est exigeant: le geste de l’immersion ne suffit pas pour trouver le salut face au jugement imminent, il n’est pas même suffisant de revendiquer son identité de fils d’Abraham. Non, il faut un mode de vie qui manifeste la volonté de ne plus se plier à l’injustice, de renoncer à être pécheur: alors les péchés seront pardonnés.

Qui croit à cette prédication de Jean et l’accueille? Non pas les prêtres ni les officiants du temple, pas les scribes non plus ni les connaisseurs de la loi, mais des femmes et des hommes visiblement en état de péché, figurés par le binôme «prostituées et publicains» (cf. Mt 21,32). Visiblement, on peut donc imaginer une queue de personnes «montrées du doigt», qui vont au Jourdain auprès du Baptiste: et dans cette rangée de pécheurs, Jésus s’y met, lui aussi! Action scandaleuse, même pour les chrétiens des premières communautés, dont certains chercheront à minimiser l’événement jusqu’à l’oublier presque; mais l’évangile, mieux les quatre évangiles nous en témoignent avec clarté: Jésus s’associe aux pécheurs, il se montre parmi eux et, comme un des leurs, demande à Jean l’immersion. Selon l’évangéliste Matthieu, le Baptiste aurait voulu empêcher ce geste de Jésus et objecte résolument. Mais Jésus, avec tout autant de détermination, lui demande: «Laisse faire pour l’instant!», et l’invite à accomplir avec lui la justice de Dieu, à exprimer la volonté de Dieu et non la sienne propre (cf. Mt 3,13-15). Oui, la justice de Dieu n’est pas la justice de l’homme, même si cette dernière en est le fruit: la justice de Dieu, en effet, est cette cohérence particulière à travers laquelle Dieu entend réaliser sa miséricorde envers les pécheurs, son dessein universel de salut.

L’épisode du baptême est la première occasion où Jésus, homme mûr, entre en scène, en public: il n’est protagoniste ni de miracles ni d’un enseignement, mais c’est un homme qui s’associe aux hommes pécheurs, un disciple qui s’abaisse devant son maître: Jésus commence son ministère dans la solidarité avec l’humanité pécheresse, dans un mouvement d’humilité. Il ne se présente pas comme un sauveur puissant, il ne se révèle pas par des actions prodigieuses, mais il se tient en compagnie des pécheurs qui tentent de se convertir: le chemin que Jésus entreprend, dès ses premiers pas, est un chemin d’abaissement, d’anéantissement, d’humiliation.

Alors, au moment précis de l’immersion de Jésus dans cette eau chargée des péchés de l’humanité, la voix du Père se fait entendre: «Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je mets ma joie» (Mc 1,11). Dieu voulait voir Jésus exactement ainsi: là, au milieu des pécheurs; et dans cet acte même d’abaissement, il voulait le combler de l’Esprit Saint. Et c’est ainsi que cela s’est produit. Les évangiles nous disent que Jésus a commencé sa vie d’homme mûr en racontant Dieu, en parlant et en œuvrant en son nom: pour cette raison, il a été oint, il a été consacré par l’onction du Saint-Esprit. Dans le baptême de Jésus, précisément, il nous est donné de saisir l’unité du salut en Dieu, qui œuvre à travers le Fils Jésus en lui conférant toute la puissance de l’Esprit Saint.
Mais cette fête de l’immersion de Jésus est pour nous mémoire aussi d’une immersion qui a eu lieu au début de notre vie chrétienne — notre baptême — et, tout à la fois, mémoire de la voix de Dieu adressée à chacun de nous: «Tu es mon fils». Chacun de nous est fils de Dieu, chacun est le lieu de la grande joie de Dieu, s’il reste sur le chemin de la conversion, du retour à lui; chacun de nous est le lieu où descend et repose le Saint-Esprit, s’il sait l’invoquer et tout prédisposer à son accueil. C’est ainsi que nous pouvons nous sentir fils de Dieu, capables de l’appeler: «Abba, père aimé», capables de respirer l’Esprit Saint.

Le baptême de Jésus nous rappelle que le Saint-Esprit est descendu sur lui et qu’il l’habitait de ses énergies: des énergies apparemment faibles, désarmées, mais plus puissantes que toute autre force, tant de mort que de vie: des énergies divines, non créées. Et ce sont précisément ces énergies qui habitent chaque chrétien dès le jour de son propre baptême: des énergies cachées, qui ne cessent toutefois de se montrer efficaces dans sa vie; des énergies plus fortes que le péché et, comme nous le verrons un jour, plus fortes aussi que la mort.

Enzo Bianchi

Tiré de Enzo Bianchi, Donner sens au temps, Bayard, 2004