Bonne nouvelle pour les pécheurs


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La croix, oui, la croix est le signe de cette mort infamante de Jésus — qui est «compté parmi les malfaiteurs» (Lc 22,37), les évangélistes se complaisent à le souligner; c’est le récit de sa solidarité avec les pécheurs, de son abaissement jusqu’à la condition de l’esclave humilié, «jusqu’à la mort, à la mort sur une croix» (Ph 2,8), comme l’apôtre Paul l’atteste. Mais la croix ne doit toutefois pas prévaloir sur le Crucifié! Ce n’est pas la croix, en effet, qui rend grand celui qui y est pendu, mais c’est précisément Jésus qui rachète et donne sens à la croix, de sorte que tous les hommes qui connaissent cette situation de souffrance et de honte, de malédiction et d’anéantissement puissent trouver Jésus à leur côté. Oui, la réalité de toute croix est une énigme, que Jésus fait devenir mystère: dans un monde injuste, le juste ne peut qu’être rejeté, persécuté, condamné. C’est une necessitas humana, et Jésus — précisément parce qu’il a voulu «rester juste», solidaire avec les victimes, les agneaux — a dû connaître ce choc de l’injustice du monde contre lui. Mais lorsqu’on sait lire la passion-mort de Jésus de cette manière, on est obligé de la comprendre comme un événement de gloire pour Jésus: la gloire de celui qui a donné sa vie pour les hommes, la gloire de celui qui a aimé jusqu’à la fin, la gloire de celui qui meurt condamné pour avoir cherché à raconter, à travers son existence, que Dieu est miséricorde, qu’il est amour. S’il est un lieu où Jésus a rendu Dieu «bonne nouvelle», s’il est vrai qu’il l’a «évangélisé», c’est bien sur la croix: bonne nouvelle pour tous les pécheurs!

Le Vendredi saint, les chrétiens réunissent dans l’image du crucifié, agneau innocent, toutes les victimes de l’histoire, les agneaux tués par les loups: les chrétiens sont appelés en ce jour à apprendre à soutenir le scandale de la croix, sans rejeter les fautes sur l’autre, certains que la croix de chaque juste met en évidence une raison pour laquelle il vaut la peine de donner sa vie. Car ce n’est que si l’on a une raison pour laquelle il vaut la peine de donner sa vie que l’on a aussi une raison pour laquelle il vaut la peine de vivre.

Tiré de ENZO  BIANCHI, Donner sens au temps. Les grandes fêtes chrétiennes, Éditions Bayard, 2004