Travail et pauvreté

visage du Christ, huile sur toile - d’après G. Rouault
...tu suivras le Christ dans son dépouillement...

Frère, sœur, pour vivre ta pauvreté selon l’Évangile, tu es appelé à partager tes biens et à vivre dans le plus grand provisoire possible: c’est ce que demande la marche à la suite du Christ qui s’est dépouillé et s’est abaissé; tu es appelé à te conformer à lui qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre parmi les hommes. La pauvreté sera enfin pour toi un dépouillement quotidien tendant à faire de toi l’un des petits, l’un des pauvres de Yhwh.


Tu vivras également ta pauvreté en travaillant comme tous les hommes. Tu travailleras parce que les pères et les apôtres ont travaillé pour vivre du travail de leurs mains, parce qu’il ne t’est pas permis de te faire servir par les autres, parce que le travail est collaboration à la création en acte qu’opère la Sagesse de Dieu, parce que tu dois témoigner de ta solidarité avec les hommes en agissant au milieu d’eux.

(Règle de Bose 21.23-24)


Bose, le travail en menuiserie
Bose, le travail en menuiserie
...le travail de chacun...

Le travail de chacun à l’intérieur de la communauté (travail de la terre, production de confitures, menuiserie, imprimerie et éditions Qiqajon, atelier de céramique, rédaction de commentaires bibliques, traductions, etc.) comme à l’extérieur de la communauté (à l’école, à l’hôpital) permet à la communauté de vivre des fruits de son propre travail et de participer ainsi à la condition commune des hommes. Les gains reçus sont confiés au frère responsable pour que le partage des biens soit radical. Chacun participe aussi aux travaux manuels, même les plus humbles (cuisine, vaisselle, ménage des maisons destinées à l’hospitalité et des pièces communes, etc.), conscient de servir ainsi les frères et les hôtes.

Bose, nid d’hirondelles sous le porche de Bose, printemps 2006
Bose, nid d’hirondelles sous le porche de Bose, printemps 2006
...partage radical des biens...

La pauvreté, vécue avant tout à travers le travail, est comprise comme partage radical des biens tant matériels que spirituels, comme dépossession de soi, réduction à l’essentiel des exigences de chacun, attention à ne s’attacher à rien ni à personne, en vue d’une simplification de soi pour une plus grande unité intérieure. La pauvreté cependant n’est pas vécue de manière légaliste, et encore moins de manière cynique, et elle ne s’accompagne d’aucune espèce de mépris des réalités créées, qu’on cherche au contraire à utiliser avec action de grâce, en tâchant d’accueillir et de faire émerger la beauté et la bonté présentes dans la création; le créé, en effet, comme l’enseigne l’apôtre Paul, est voulu et soutenu par Dieu, et attend la libération pour entrer lui aussi dans la liberté des enfants de Dieu (cf. Rm 8,21).